1. Le Lecteur à l’œuvre
du 27 avril au 8 septembre 2013
Organisée par la Fondation Martin Bodmer en partenariat avec le Digital Humanities Lab de l’EPFL cette exposition expérimentale montre, à travers plusieurs siècles d’histoire de l’écriture, comment un texte est transformé par ses lecteurs. Elle propose un classement des manières dont ceux-ci, intervenant dans le livre, y inscrivent leur marque et lui impriment une allure nouvelle. Des premiers stades de la fabrication jusqu’à la diffusion et au delà, un texte passe entre les mains de plusieurs acteurs, chacun jouant un rôle différent : l’auteur qui se relit et se corrige soi-même, puis l’éditeur, l’illustrateur ou le traducteur, le savant qui inscrit ses commentaires, l’amateur qui annote…
A l’heure où la culture numérique modifie profondément nos pratiques de lecture et d’interaction avec les textes, l’exposition Le lecteur à l’œuvre donne également une place importante aux marques physiques d’appropriation d’un livre – les taches, les empreintes, les déchirures –, qui témoignent de la vie de l’œuvre – une œuvre que le lecteur manipule et infléchit en l’absorbant dans son espace personnel. On verra par exemple un livre d’Isaac Newton : Leibniz s’en empare pour y inscrire des notes critiques, mais en plus, comme il lisait souvent le soir au lit et en fumant la pipe, il a laissé sur quelques pages des trous de braise !
Sont également exposés toutes sortes de livres interactifs où le lecteur est explicitement appelé à prendre une part active dans la manipulation ou la transformation de l’objet. Ancêtre de nos questionnaires à choix multiples, on trouvera ainsi un étonnant livre de piété du XVIIIe siècle, qui énumère des listes de péchés sur des languettes de papier, permettant au pénitent de faire son choix et de se confesser … sans parler.
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Aux côtés de livres interactifs de l’époque pré-moderne, l’exposition consacre une place importante à plusieurs livres-objets du XXe siècle (de Michel Butor, Keith Haring et Jonathan Safran Foer notamment) qui mobilisent encore d’autres gestes pour faire de la lecture un acte de création.
Le musée de la Fondation Martin Bodmer devient pour l’occasion de cette exposition un atelier d’expérimentations muséographiques. Par l’intermède de vidéos et de projections holographiques, les visiteurs ont accès à une riche documentation informatisée et interactive. Grâce à des tablettes, le visiteur de l’exposition devient lui-même un lecteur à l’œuvre : il a le choix de sortir virtuellement les livres des vitrines, de regarder de près des enluminures médiévales, d’apprendre à calculer les phases lunaires à partir d’un livre astronomique de 1540 ou encore de relire avec Proust les épreuves de La Recherche du temps perdu.
Commissariat :
- Michel Jeanneret, professeur honoraire de l’Université de Genève
- Frederic Kaplan, titulaire de la chaire de Digital Humanities à l’EPFL
- Radu Suciu, assitant-docteur, dpt. de médecine de l’Université de Fribourg
Scénographie :
- Elisabeth Macheret
Télécharger le dossier de presse | Conférence de Roger Chartier du 30 mai 2013 à Uni Dufour : Pouvoirs de l’écrit et manières de lire
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2. Wagner ou l’opéra hors de soi
du 5 octobre 2013 au 23 février 2014
L’opéra, pour Wagner, est plus qu’un genre artistique. C’est un filtre à travers lequel le monde apparaît, un cristal dans lequel il se réfracte – c’est une pensée du monde. Tous ses opéras racontent une histoire de rédemption, et il vit lui-même dans la conviction que le monde qui l’entoure doit être sauvé par l’art. L’opéra hors de soi, c’est l’opéra qui passe de la scène à la salle et de la salle à la rue; c’est l’histoire d’un art comme pensée du monde. Car l’art et la pensée sont indissociables pour Wagner, non seulement parce qu’il ne cesse de méditer sur l’art et sur sa place dans la société, mais aussi parce qu’il nourrit son œuvre aux sources de pensée les plus diverses.
C’est pourquoi l’exposition qui commémore le bicentenaire de la naissance de Wagner, mettra en scène et en pleine lumière l’ampleur et la diversité de sa pensée. Wagner s’est confronté à ses propres risques à de grands enjeux philosophiques, politiques ou religieux : on croisera Bakounine, Feuerbach, Schopenhauer ou Nietzsche ; on écoutera Wagner esquisser les linéaments d’une société idéale, sur le mode révolutionnaire de 1848 ou avec les accents plus gênants que suscite une certaine théorie de la « germanité » ; on observera comment l’œuvre de Wagner a été le miroir dans lequel l’Europe a pu (et peut encore) lire allégoriquement sa propre histoire.
Exposition organisée dans le cadre du Wagner Geneva Festival
Commissaire scientifique : Christophe Imperiali
Commissaire artistique : Elisabeth Macheret
Avec une œuvre originale de Béatrice Helg, créée pour l’exposition et deux oeuvres de l’artiste allemande Carolin Wehrmann
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