1. Dante, Rimbaud, L’Eternité
du 4 mars au 26 avril 2011
Dante. Rimbaud. Le proscrit de Florence et l’aventurier d’Abyssinie. L’homme politique engagé dans son siècle et l’adolescent rédigeant « Les mains de Jeanne-Marie ». L’auteur de la Vita nuova et du De vulgari eloquentia et celui de « Voyelles » ou d’« Alchimie du verbe ». De l’Enfer à Une saison en enfer, du Paradis aux Illuminations, Dante et Rimbaud écrivent une œuvre tout à la fois héritière de la poésie qui la précède et exploratrice d’un territoire indicible. Ils sont poètes, maîtres d’une langue qu’ils veulent « nouvelle ».
En présentant les manuscrits médiévaux et les premiers imprimés à avoir transmis les écrits de l’auteur italien et en dévoilant des autographes de Rimbaud et les éditions de ses poèmes, l’exposition conçue et présentée à la Fondation Martin Bodmer par Sylviane Messerli invite à lire les textes, originels. Des ouvrages de Balzac ou de Lautréamont, de Byron, T.S. Elliott ou Ezra Pound, de Stephan Georg, de Joyce, Beckett ou Borges, de Paul Valéry ou d’Alain Jouffroy rappellent combien la Comédie divine a nourri l’imaginaire occidental. Leur présence dévoile les jeux intertextuels, d’où germe toute littérature.
Placés dans la lumières de ces phares, les autographes de Paul Verlaine, bien sûr, mais aussi de Victor Hugo, Lamartine, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Aloysius Bertrand et Alfred de Vigny, ne témoignent pas seulement de l’effervescence littéraire dans la France d’Arthur Rimbaud : ils célèbrent la poésie.
Scénographie : Elisabeth Macheret
Choix des œuvres exposées : Sylviane Messerli
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2. Soljenitsyne, le courage d’écrire
du 14 mai au 16 octobre 2011
« La main clandestine, la main de gloire : Soljénitsyne »
De la clandestinité il a gardé toute sa longue vie d’écrivain une écriture minuscule, serrée mais claire, conspirative mais généreuse : depuis les cahiers de l’écolier Soljénitsyne jusqu’aux manuscrits des derniers tomes de l’immense cathédrale d’écriture qu’est son roman historique La Roue rouge, nous montrons la permanence stupéfiante de l’écrivant obstiné, halluciné que fut l’imprécateur, le prophète, l’historien en quête du Graal de sa nation. Le visiteur découvre les premiers textes d’avant la guerre comme Aime la Révolution, le chapelet avec lequel il mémorisait son long poème Le chemin, et ses pièces blasphématoires et jubilatoires composées mentalement au goulag, ses photos de famille, d’adolescence, les amis de Rostov sur le Don, le petit groupe qui plus tard le trahit, ses propres photos d’Ouch-Terek, lorsqu’il est en relégation, les innombrables carnets où sagement il aligne les expressions entendues, proverbes, inventions verbales du peuple. Nous n’avons pas le manuscrit d’Ivan Denissovitch, qu’il a brûlé, nous avons celui de L’Archipel du Goulag, des poèmes en prose, ceux d’avant l’exploit gigantesque des deux « cathédrales d’écriture » – le Goulag, la Roue-, et ceux d’après, ses lettres, dont il prenait copie, comme Tolstoï.
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A quoi s’ajoutent les premières éditions, Ivan Denissovitch, qui secoua le monde, sous la couverture bleu sage de la revue Novy Mir, ou dans le vêtement rêche à trois kopecks de la brochure tirée à un million, les récits « soviétiques », le tout dernier article autorisé avant la rupture avec le régime, et puis les romans interdits, éditions en tamizdat pirates ou sanctionnées par l’auteur, toujours maudites par le pouvoir soviétique, le premier tome parisien de l’Archipel avec sa typographie étrange due à la mésinterprétation des sigles du manuscrit (passé sous forme de microfilm), cette bombe qui déclencha le combat singulier d’un écrivain avec tout un empire totalitaire aux abois… Nous avons le tamizdat et le samizdat, et toutes les photos de l’écrivain devant le bureau néo-gothique qu’il aimait tant,, cadeau reçu en Russie, miraculeusement transporté en Amérique et rentré en Russie, les photos qui, comme les autoportraits de Rembrandt, jalonnent une immense vie, transformant le délicieux adolescent en une figure de starets que seul le sourire peut illuminer.
Ce sont plus de 2 mille pages autographes avec les documents de toute une vie qui pour la première fois se trouvent exposées, grâce à la veuve de l’écrivain, Natalia Dimitrievna, présente au vernissage, et au travail de Georges Nivat, professeur honoraire de l’Université de Genève, qui depuis les années 1970 s’est employé à faire connaître l’écrivain et son œuvre.
Le XXe siècle a eu un écrivain de la taille d’un Goethe ou d’un Hugo et qui a changé le cours de l’histoire en décidant d’écrire la vérité et de porter la voix de millions de victimes des camps. Ce siècle a été le siècle de Soljénitsyne.
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3. C.G. Jung, le rouge et le noir
du 26 novembre 2011 au 25 mars 2012
Elle gravite autour de la pièce unique du Livre Rouge, un manuscrit autographe de l’auteur, illustré par lui-même et l’accompagne de tout un ensemble de manuscrits et de livres, travaux préparatoires de Jung et témoins de ses lectures et de ses recherches, dans le domaine psychiatrique, philosophique, littéraire, mythologique, religieux et alchimique, qui proviennent du fonds des archives familiales, de la Bibliothèque de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, ainsi que de la collection des écrits de la littérature universelle dont Martin Bodmer, inspiré par Goethe, avait conçu et réalisé l’ambition.
La présente exposition prolonge et renouvelle entièrement les deux précédentes qui ont présenté le Livre Rouge du 18-12- 2010 au 20-03-2011, au Rietberg Museum de Zurich et, du 07-09 au 07-11-2011 au Musée Guimet de Paris.
Le livre de l’exposition, en anglais, a été conçu et rédigé par le commissaire scientifique, le professeur Sonu Shamdasani, sous le titre C.G. Jung. A Biography in Books, édité chez W.W. Norton & Company, New York London, 2011, 224 p., en association avec la Fondation Martin Bodmer.
Entretien avec Sonu Shamdasani autour du Livre Rouge de C.G. Jung
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