1. Lettres intimes.
Une Collection dévoilée (Anne-Marie Springer)
du 15 mars au 20 juillet 2008
Quoi de plus délicieux que d’ouvrir l’enveloppe décelant une lettre d’un être cher ? Quoi de plus attirant que de découvrir celles qui ne nous sont pas adressées et dont nous connaissons pourtant les signatures ? Hommes et femmes de lettres, de science, musiciens, peintres, chefs d’État et poètes…Des personnages hors du commun, mais aussi des êtres tout simplement humains, comme l’attestent ces lettres dévoilées.
On relève, entre autres, les lettres de : Diane de Poitiers à Antoinette de Guise, Henri IV à Marie de Médicis, Malherbe à Charlotte Jouvenel des Ursins, Racine à sa sœur, Frédéric II à son père, le comte de Chesterfield à sa maîtresse, Louis XV à son petit-fils, Sade à sa femme, Lucile Desmoulins à sa mère, Napoléon à Emma, à Joséphine, Maria-Ludivica à l’impératrice Marie-Louise, Chateaubriand à une amie, Berlioz à Estelle Fornier, Mme de Staël à O’Donnell, George Sand à Flaubert, Vigny à sa dernière amie, Darwin à sa femme, Maupassant à La Tôque, mais encore Apollinaire à Lou, Céline à Lucienne Delforge, Einstein à son fils, et près de nous, Elvis Presley à Anita Wood, et, amoureuses et rebelles, Arletty à son officier allemand, Edith Piaf à Tony, Albertine Sarrazin de sa prison à son mari.
Déclarations d’amour, témoignages d’amitié, doux reproches ou vibrants hommages, plus d’une cinquantaine de lettres du XVIe siècle à nos jours, inédites pour la plupart avant cette exposition, révèlent la grâce et l’émotion de l’intimité partagée. L’exposition a fait l’objet d’une scénographie très réussie, conçue par Mme Elisabeth Macheret et Jean-Michel Landecy.
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2. Passages d’encre. Echanges littéraires et autographes dans la bibliothèque Jean Bonna, 1850-1900
du 18 octobre 2008 au 25 janvier 2009
« Passages » : la présente exposition ne cesse de tourner autour de l’un ou l’autre des grands écrivains français de la seconde moitié du XIXe siècle : « Autour de Nerval », « Autour de Baudelaire », « Autour de Flaubert », « Autour de Mallarmé », pour saisir en passant de l’un à l’autre des échanges, des complicités, des affinités qu’ils entretiennent, d’une génération à l’autre ou entre contemporains affrontés au même siècle abhorré. Nous redécouvrons ainsi la force des liens qui unissaient Barbey d’Aurevilly et Charles Baudelaire, nos dandys d’alors, Villiers de l’Isle-Adam et Mallarmé, le même encore et Huysmans, ou encore cette conjonction des noms de Mallarmé et de Jarry autour de Catulle Mendés, une figure trop négligée sur la scène littéraire, qui pourtant lança la Revue Fantaisiste en 1861 et cristallisa autour de sa personne la vie littéraire et journalistique de cette fin de siècle ? Un éditeur, Poulet-Malassis, une maison, La Librairie de l’Art indépendant, apparaissent comme des lieux de rencontre privilégiés où se recroisent, dans un cas, Baudelaire, Théophile Gautier et Verlaine, et, dans l’autre, Mallarmé, Gide et Pierre Louÿs.
Plus subtilement, il est aussi question de ce qui passe de main en main, un livre par exemple, comme « à Alfred Jarry, fervemment la main de Stéphane Mallarmé » ou comme Léon Bloy : « à mon ami Huysmans j’offre ce livre écrit dans la douleur ». Le XIXe siècle prend l’habitude d’adresser à un ami, une personne chère ou un confrère en lettres un livre relié, sur beau papier, accompagné d’un envoi manuscrit qui le lui dédicace.
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Passage de témoin, témoignage – d’admiration, d’amitié, d’amour, et retour à la plume ou au crayon – « passages d’encre », est-il précisé – marquant l’imprimé de la nostalgie d’une époque révolue où un livre s’écrivait à la main, à l’exemple des calligraphies de nos antimodernes, Barbey d’Aurevilly et Léon Bloy, à moins qu’il ne s’agît du vœu secret d’inscrire dans l’espace d’intimité dévolu aux correspondances privées un livre que l’imprimerie destine au public : « A votre ombre et dans votre lumière », écrit dans sa manière, celle de l’oxymore, Victor Hugo à Juliette Drouet, « à Madame A. Sabatier », confie sobrement Baudelaire à son inspiratrice de tout un cycle des Fleurs du Mal, et, de façon désarmante, « A Chaton, son papa, Stéphane Mallarmé ».
Ce sont enfin des « passages », au sens d’extraits d’une œuvre qu’il nous plaît relire à l’occasion : le poème autographe de Rimbaud « Chanson de la plus haute tour », la maquette de Fantoche, du Verlaine des Fêtes galantes, ou ces vers de Tristan Corbière imprimés sur le papier jonquille réservé à ses Amours jaunes, voire encore telle page de Gide dans le Voyage d’Urien, rehaussée d’une lithographie de Maurice Denis. Est-il besoin de souligner l’émotion qui nous gagne quand le hasard des vitrines nous met en présence d’une lettre de Nerval au docteur aliéniste Emile Blanche, de Baudelaire à Mme Aupick, sa mère, haïe autant qu’aimée, de Jarry à sa sœur Charlotte, agrémentée d’un dessin de hibou, ou d’une préface manuscrite inédite de Flaubert pour Madame Bovary, de Verlaine aux poésies complètes de Rimbaud. Un rien suffit à l’occasion, une simple trace attestant l’existence d’un certain Isidore Ducasse, alias Lautréamont, autrement insaisissable.
Nous devons le choix et la conception de l’ensemble à notre « passeur », Edouard Graham, auteur d’une magistrale étude après trois années passées au cœur de la Bibliothèque Jean Bonna.
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