Description
En offrant plus de cent livres à la Fondation Martin Bodmer (la fameuse « Bibliotheca Bodmeriana », tout récemment classée à l’UNESCO), Michel Butor ne fait pas seulement acte de générosité ou geste de conservation d’un patrimoine, il légitime aussi un ensemble selon deux principes forts, celui d’une kaléidoscopie choisie au miroir de collaborations très variées et celui d’une dé-hiérarchisation en réunissant des livres d’artistes de notoriétés diverses et des ouvrages réalisés aussi bien en nombre limité que des éditions courantes tirées à 500 exemplaires.
Le partage d’un espace de création avec un artiste s’illimite dans une pratique du créer ensemble, et, c’est ainsi qu’un catalogue réalisé à l’issue d’une résidence de plusieurs artistes au Maroc trouve autant sa place dans cette donation qu’un livre en quatre ou cinq exemplaires.
Plutôt que de classer en bibliophile, ce qui tend peu ou prou à geler et figer, OUVRIR. C’est sur ce geste que nous prenons appui pour poser une réflexion politique à l’œuvre, pour interroger nos habitudes de classification dans notre rapport au monde souvent enclin à poser des frontières, celles avec lesquelles le poète entre en résistance. Lire, dans ce cas précis, c’est entrer dans une œuvre au sens plastique, dans tous les sens du terme, une œuvre qui appelle cette première souplesse de passages et ouvertures.